22 févr. 2009

EVANGELION 1.0 : TROP NERV-EUX ?

[Anime] Evangelion 1.0 - You are (not) alone - C'est dans un peu plus d'une semaine à peine, le 4 mars très exactement, que sortira dans les salles de cinéma françaises le (nouveau) film d'Eva, et ce grâce aux efforts communs de Dybex et de 9ème Dimension. Arrivé au Japon en septembre 2007, ce premier long métrage - sur quatre prévus, le deuxième étant programmé pour cet été sur l'archipel - du projet Rebuilt of Evangelion, remake de la série évènement des années 90 en moins alambiqué, apporte évidemment son petit lot de surprises...

On pourra par exemple remarquer que la SEELE ("l'âme", la "secte" ayant la main mise sur le monde dans l'histoire) et la NERV ("le nerf", l'organisme ayant pour but officiel d'anéantir la menace des Anges) héritent de nouveaux logos, ou presque...

Pour faire court, voila à quoi ressemble le nouvel emblème de la NERV dans le film : une dominante rouge, une pomme renversée, une demi-feuille de figuier et une typo bien rigide pour la devise, tirée du Pippa Passes de Robert Browning. Il est ainsi censé remplacer la simple demi-feuille rouge associée au nom de la NERV, écrit sur deux lignes.


On le retrouve à différents endroits, parfois bien planqué.


Mais les fins observateurs remarqueront qu'il n'est pas présent partout...


Tiens...

M'enfin ?...


Hum, hum...

Le vieux logo fait visiblement de la résistance, à moins qu'il ne s'agisse que d'un oubli de la part de la production. Si quelqu'un a une explication logique concernant ce "problème", je suis preneur. En attendant, peut-être verra-t-on un jour un remake du remake corrigeant ce point de détail...


Bref, on a droit à deux emblèmes pour le prix d'un, ce qui ne sert strictement à rien (quitte à changer, pourquoi le faire à moitié ?), mais au moins cela contentera les partisans du nouveau logo comme ceux de l'ancien (qui était quand même plus cool et que l'on voit d'ailleurs globalement plus souvent).

Fin de cette critique vachement constructive, je vous laisse en compagnie du visuel de l'une des affiches françaises du film, peut-être pas très "vendeuse" mais quand même absolument somptueuse. Et comme dirait Ayanami Rei dans le peu de répliques qu'elle a dans le film : sayonara !

19 févr. 2009

QUAND POLE PERD LE NORD


Avant propos : les serveurs informatiques ayant littéralement explosé suite au post du volumineux commentaire suscité (ou non) par l'article du mois de novembre, il fallait quelques temps pour relancer la machine. C'est désormais chose faite avec ce billet 100% jeu vidéo de vieux geek. Mon Greegounet sera aux anges...

[Pixels] Chindôchû !! Pole no Daibôken – Annoncé mi-janvier par un Sega voulant sans doute surfer sur la vague du néo-rétro - nourrie entre autres par Megaman 9 -, Pole no Daibôken, alias la Grande aventure de Pole, n'aura mis qu'une petite quinzaine de jours pour arriver sur les étals virtuels du WiiWare japonais de Nintendo. Mais à quoi avons-nous droit ici ? Pastiche de jeu de plates-formes, hommage appuyé à la génération 8-Bits, arnaque marketing éhontée ou chef d'œuvre de non-sens digne des Monty Python, Pole est tout simplement un gros gag à lui tout seul...


Annonçant d'emblée la couleur avec ses semblants d'images digitalisées, ses pixels bien baveux et sa chip music aux thèmes qui bouclent toutes les 30 secondes, cette Grande aventure évoque et se joue comme un classique NES, Wiimote tenue à la manière d'une manette. Le joueur incarne Pole, un cowboy parti à pied délivrer sa chère et tendre Sharon, enlevée par un énergumène non identifiable verdâtre. Pole peut sauter, tirer sur ses ennemis, et collecter des items et des pommes pour incrémenter sa puissance de feu et son score. Au début, tout va bien. Un niveau d'entraînement avant d'attaquer les choses sérieuses avec le monde 1-1. Et là, face à la troisième pomme à récupérer, c'est le drame. Pole se cogne la tête première sur le dit fruit, visiblement trop dur pour être ramassé, et reste sonné quelques instants. Le joueur n'a pas vraiment le temps de réagir à l'incongruité de la chose : une voix off, sortie des enceintes de la télévision ou de la Wiimote, s'en charge pour lui, avec des propos retranscrits à l'écran qui valent leur pesant de cacahouètes. Il en sera de même lorsque le héros croisera plus loin dans le même tableau des pommes moisies ou déjà mangées à moitié, et plus généralement quand le joueur se retrouve confronté à des situations plus ou moins loufoques et en tout cas inattendues.

Au Japon, on aime catégoriser les jeux, voire les classer dans des genres qui n'existent pas encore. Notre spécimen est, dixit son site officiel et parce qu'il fallait bien inventer un style, un « Obaka Action Gagventure Game », en gros un jeu d'action-aventure plein de gags cons-cons. Côté Pole, on a affaire à un soft dans la veine de Super Mario Bros. avec ses blocs « ? » et ses châteaux de fin de niveau (feux d'artifices compris), mais côté face, on profite surtout d'un véritable festival de blagues débiles. Au diable le sauvetage de Sharon : le joueur n'a très vite qu'une hâte : retrouver les 100 gags (ou « neta » en japonais) disséminés ci et là dans tout le jeu. Chacun a une valeur, bronze, argent ou or, selon la difficulté que l'on est censé avoir pour le dénicher. Certains gags ne nécessitent en effet aucune intervention particulière, tandis que d'autres demandent au joueur de jeter volontairement son sprite dans un trou ou sur un obstacle pour être observés. Entre les ennemis à poil, les tuyaux qui ne réservent pas que de bonnes surprises, les boss ridicules, les BGM bruitées à la bouche et les graphismes qui partent en vrille, il y a de quoi rester un moment interloqué. Autre pique à Mario, on trouvera même en cours de chemin différents champignons aux effets... détonants : l'un fera grandir démesurément Pole au point de le tuer, tandis qu'un autre lui donnera une gaule comparable au « mokkori » de Ryo Saeba dans City Hunter. Et oui, le jeu n'arbore pas un CERO B (équivalent du PEGI 12+) et un avertissement concernant son contenu explicite pour rien...

Derrière ce projet fou se cache, la presse jeux vidéo l'a déjà évoqué, le producteur Takao Miyoshi, un petit gars de la Sonic Team qui a travaillé sur plusieurs épisodes du hérisson bleu de Sega, avant de prendre part à l'aventure Online de Phantasy Star, en produisant notamment la partie Universe sur PS2 et Xbox 360. Mais le bonhomme s'est évidemment entouré d'une batterie d'auteurs pour donner naissance à Pole. Parmi eux, on trouve Takashi Endô, ancien owarai (comique japonais), lauréat d'un Grand Prix des nouveaux talents et créateur d'émissions très célèbres au Japon comme Yarisugi Kôji et Waratte iitomo !. On peut citer également Rinrei Takahashi, à l'origine aussi d'un divertissement télévisé nommé Shôten, davantage orienté sur le comique raffiné du rakugo, ou encore Ryôichi Sugihara, rédacteur en chef de la série Chikyu Tokusotai Dybastar, un programme court mélangeant anime cheap et reportages insolites, dont il faudra que je reparle un de ces jours.

A l'époque de la Famicom, Takeshi « Beat » Kitano avait imaginé un « anti » jeu, Takeshi no Chôsenjô. Résultat des courses : un « kuso game » (jeu de m...e) légendaire, impitoyablement difficile et qui faisait voler en éclat les règles établies, obligeant le joueur à supporter un gameplay exécrable, à faire du karaoke avec le microphone incorporé dans le second contrôleur de la console ou à attendre à un certain moment une heure devant l'écran sans rien faire, sinon retour à la case départ. Il y avait même dans ce jeu un niveau en deltaplane typé shoot'em up horizontal où l'on ne pouvait pas se déplacer vers le haut, un véritable calvaire. Avec Pole, on atteint à nouveau des sommets d'absurdité, mais ici, point de challenge (sauf peut-être avec la seconde quête, identique à la première, mais un poil moins facile), et surtout pas de prise de tête : priorité au délire ! On hérite ainsi peut-être du premier jeu conçu comme un sketch, à moins que ce ne soit le contraire, et les connaisseurs y retrouveront sans doute l'esprit farfelu qui anime les performances de l'humoriste Tomonori Jinnai. Les ressorts du comique made in Japan ne font peut-être pas mouche à tous les coups sur les pauvres occidentaux que nous sommes, et la replay value est loin d'être assurée, mais ce bon faux-vieux Pole offre largement de quoi rire et sourire, d'abord quand on joue soi-même, puis lorsque l'on guette les réactions stupéfaites de ceux qui s'y essaient. Un drôle de titre, expérimental et unique, surement impossible à localiser mais qui vaut largement le coup d'œil et ses 500 points Wii...

Spéciale dédicace à François V., roi de la cuisine italienne et éplucheur de carottes devant l'Éternel.